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Institut national des langues et civilisations orientales - Paris
du 29 novembre au 2 décembre 2017
Temps et temporalité en Asie du Sud-Est
Date limite de réception des propositions 1 juillet 2017 Notification aux auteurs 30 juillet 2017 Date limite de réception des propositions sélectionnées 15 octobre 2017
En Asie du Sud-Est comme ailleurs, les modalités de la co-présence du passé, du présent et du futur donnent lieu à diverses formes d'organisations conceptuelles et pratiques. Un large éventail de dispositifs s'offre ainsi à l'observation, entre une représentation de l'immutabilité des choses - lorsque par-delà l'agitation continue des êtres tout se répète et rien ne change vraiment - et une affirmation de l'irréversibilité de l'altération graduelle et permanente de toutes choses - car si rien ne change rien ne dure non plus. Placés devant ce dilemme, les acteurs s'en accommodent, selon des stratégies elles-mêmes diverses allant de la résignation à la recherche plus ou moins confiante d'une maîtrise de la temporalité - entendue ici comme la perception, à chaque fois particulière, de la durée, cette universelle condition que l'homme ressent par nécessité, où qu'il vive. De nombreuses approches sont disponibles pour frayer ce thème classique, fruits d'un intérêt qui s'est accru dans les sciences sociales ces trois dernières décennies. Il s'en faut cependant qu'elles aient été pleinement exploitées en terrain sud-est asiatique et l'un des objectifs de ce colloque sera bien sûr de s'y confronter. On pense, par exemple, aux multiples rythmes qui scandent la vie des individus, au caractère socialement marqué du temps vécu, aux mesures notamment calendaires, aux temps des grandes cosmogonies, aux relations qu'entretiennent temporalité, narration et langage ou encore au travail de la mémoire comme actualisation du passé. Pour aller plus loin, on peut s'aider des réflexions de la linguistique culiolienne questionnant la pertinence de catégories grammaticales indo-européennes pour rendre compte de l'expression du temps dans d'autres familles de langues, de l'anthropologie de la "structure de la conjoncture" de Marshall Sahlins, ou des travaux sur les "régimes d'historicité", les "traditions inventées", ou les "textures du temps"[1], ou bien d'autres formes d'analyse encore. Mais l'on prendra garde au fait que la catégorie que nous appelons temps n'est peut-être pas représentée ailleurs comme un domaine unique, ou acceptant une forme de mesure unique ou encore relevant d'une orientation unique qui nous mène du passé au futur ou inversement. Au contraire, il existe peut-être dans les catégories que nous traduisons volontiers par temps des éléments qu'en Occident moderne (et contemporain) nous ne classons pas dans ce registre, comme la hiérarchie fondée sur la précédence, ou les richesses et le prestige qu'offre leur captation, leur don et parfois leur destruction. La démarche est donc nécessairement et même épistémologiquement comparative. Pour mener à bien ces objectifs, plusieurs portes d'entrée se profilent. Une première, immédiatement comparative, consiste à considérer ce que nous appelons temps comme un moyen d'accéder aux structures sociales des diverses communautés sud-est asiatiques. La temporalité semble unifier alors tout ce que nous avons l'habitude de segmenter en politique, religieux, économique, etc. L'abdication d'un roi, par exemple, est-elle un phénomène temporel (le temps du renoncement au monde des spécialistes du bouddhisme), un phénomène hiérarchique de précédence (une abdication temporaire au profit d'un représentant des premiers occupants du sol) ou participe-t-elle d'une relation statutaire (un roi aîné désigné en premier abdique pour un roi cadet désigné en second, comme il en existe à Madagascar) ; de même, les funérailles d'un roi organisées par son fils ou son neveu sont-elles l'expression d'une mort-renaissance de l'institution royale ou signent-elles un échange de biens (mérites, richesses et dépendants) au sein d'une même maison ; l'engagement pour dettes pallie-t-il la faiblesse des institutions de crédit ou est-ce une manière de faire durer la relation en en modifiant le statut ; faut-il voir l'émission monétaire comme un outil favorisant la circulation des biens ou, permettant l'instantanéité de l'échange, un moyen de s'affranchir de liens de dépendances ? Une seconde porte d'entrée, directement cognitive, consiste à rechercher les marques de la temporalité telles qu'elles se présentent en Asie du Sud-Est. Les linguistes pourront ainsi étudier les marqueurs et/ou les constructions syntaxiques qui se rapportent aux notions d' "habitude", de "tradition", d' "héritage", de "mémoire", de "mythe", de "conte", d' "histoire", de "temporalité", d' "aspect", qu'il sera loisible d'aborder aussi bien des points de vue de la syntaxe, de la sémantique, de l'étymologie ou de la morphologie que de l'analyse du discours ; les historiens s'intéresseront par exemple à l'origine du temps, la succession des ères cosmiques, les différents cycles composant les calendriers (cycles de la royauté, des institutions, des ancêtres, des cultures, etc.), à l'enchaînement des ruptures et des fondations politiques ou la rétraction du temps dont procède le millénarisme ; enfin, le temps pouvant être défini comme "la synchronisation irréversible d'événements ou d'actions appartenant à deux ou plusieurs domaines distincts"[2], les anthropologues pourront étudier la manière dont s'opère la synchronisation dans une société donnée. Dans les deux cas, on peut s'attendre à mettre au jour une relation entre plusieurs formes de synchronisations qui entrent en opposition ou se complètent[3]. C'est alors l'articulation de ces formes qui dit la spécificité de la société à travers une vision du monde élaborée par une hiérarchie de valeurs. On ouvrira volontiers l'enquête au "désenchantement du temps"[4] qu' y constitue la confrontation entre l'accélération du temps des sociétés contemporaines, désormais mondialisées[5], et des manières plus locales de vivre la temporalité. Le présent atelier brodera donc les représentations temporelles de l'Asie du Sud-est avec les nouvelles ou anciennes orientations théoriques en particulier en linguistique, en histoire et en anthropologie, de manière à enrichir réciproquement connaissance de terrain et théorie. Trois conférenciers spécialistes d'une de ces disciplines mais dans une autre aire culturelle que l'Asie du Sud-Est sont invités pour étayer la démarche comparative. ---------------------------- [1] A. Culioli, " Les modalités d'expression de la temporalités sont-elles révélatrices de spécificités culturelles ", [in] Pour une linguistique de l'énonciation, Paris, Ophrys, 1999, t. 2, pp. 158-178 ; M. Sahlins, Des îles dans l'histoire, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1989 et F. Zimmerman, " Sahlins, Obeyesekere et la mort du capitaine Cook ", L'Homme, t. 38, n°146, 1998, pp. 191-205 ; R. Koselleck, " 'Champ d'expérience' et 'horizon d'attente' : deux catégories historiques ", [in] Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éd. de l'EHESS, 1990, pp. 307-329 et F. Hartog, Régimes d'historicité : présentisme et expériences du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003 ; E. Hobsbawn et T. Ranger (dir.), L'invention de la tradition. Nouvelle édition augmentée, Paris, Amsterdam, 2012 ; V. N. Rao, D. Shulman, S. Subrahmanyam, Textures du temps : écrire l'histoire en Inde, Paris, Éd. du Seuil, 2004. [2] A. Itéanu, " Orokaiva : le temps des hommes ", [in] P. Piettre (dir.), Le temps et ses représentations, Paris L'Harmattan, 2001, pp. 211-220. [3] A. Itéanu, loc. cit. ; J. Baschet, La civilisation de l'Occident féodal, Paris, Champ Flammarion, 2006, p. 444. [4] B. Pradel, " les caractéristiques traditionnelles du rythme social ", Rhuthmos, 11 février 2012. [5] R. Hartmut, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, coll. " Théorie critique ", 2010.
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